Le polissoir

Il s’agit d’une grande dalle de plus ou moins 1,50 m de large sur 1,15 m de hauteur. Cinq cuvettes et quatre rainures sont visibles à la surface sur la partie supérieure gauche. La pierre est essentiellement composée de quartz ; elle ne provient donc vraisemblablement pas de Hollange, mais d’une région riche  de ce genre de roche (par exemple Vielsalm).

Histoire : Les premières traces d’occupation humaine dans notre commune

Le polissoir néolithique d’Hollange

Suite à une demande de la CLDR, le Cercle d’Histoire et d’Archéologie de la Haute-Sûre explore pour nous le patrimoine de la commune de Fauvillers. Voici le premier article qu’ils nous proposent, sur les origines du peuplement humain dans la commune.

Quand nous regardons aujourd’hui autour de nous, l’impact de l’homme sur son environnement est partout. Que ce soit nos routes, les maisons que nous habitons, les places que nous avons aménagées, les champs que nous cultivons, les forêts que nous exploitons, tout ce qui nous entoure porte la trace de notre présence.

Il nous est difficile d’imaginer notre terre sans êtres humains. Pourtant, la planète a vécu sans nous la plus grande partie de sa déjà longue histoire (5 milliards d’années). Pour se rendre compte de ce phénomène, nous pouvons comprimer cette histoire à une échelle qui est plus facilement compréhensible pour nous, celle d’une année.

Sur un an, si la Terre se formait le 1er janvier, alors l’homme n’apparaîtrait que le 31 décembre dans la soirée… Nous sommes des invités de dernière minute, mais nous avons profondément marqué notre époque, au point que les géologues proposent de plus en plus le terme d’anthropocène pour désigner la période qui a vu la Terre changer sous l’impact de l’homme.

Selon les dernières études génétiques, les premiers hominidés, nos ancêtres, se seraient installés en Europe il y a 600 000 ans. L’homme moderne, lui, serait apparu dans nos contrées il y a 40 000 ans.

Il n’y a pas de traces de peuplement aussi ancien dans notre commune, du moins à notre connaissance. Par contre, dans le porche de l’église d’Hollange, nous pouvons admirer ce qui est sans doute le plus vieil objet d’origine humaine de notre commune : un polissoir datant du néolithique.

Le néolithique est la période qui voit les humains cesser de vivre en nomades, s’installer dans des villages, pratiquer l’élevage et l’agriculture.

Les polissoirs étaient des pierres sur lesquelles les outils étaient polis, aiguisés, lissés, en fonction de leur utilité. Elles portent donc de longues entailles causées par le frottement des outils contre le bloc de pierre.

Les premières populations néolithiques à s’être installées dans nos contrées sont liées aux peuplades rubanées (leurs poteries étaient décorées de motifs en rubans), qui sont entrées en Europe en remontant le Danube et qui ont vécu entre 5600 et 5000 avant J.-C. Mais le polissoir néolithique d’Hollange pourrait être plus récent, ces pierres ayant servi jusqu’à des périodes plus rapprochées (2000 avant J.-C.).

Cette pierre servit longtemps de dalle de pavement à l’intérieur de l’ancienne église du 17e siècle ; la surface étant tournée vers le haut, les impressionnantes rainures étaient bien visibles.

Souvent, les objets anciens portant des traces humaines sont considérés comme sacrés par les populations qui les redécouvrent. Sans bien en comprendre la signification, les habitants de nos villages, découvrant ce polissoir, ont compris son importance et sa valeur, et lui ont parfois imaginé des origines fantastiques.

Comme ces rainures étaient vues comme les « griffes du diable », cette pierre devait paraître bien suspecte aux yeux du curé qui la fit enlever et placer à l’extérieur en guise de seuil.

N’entre pas qui veut dans une église et, dans les croyances anciennes, les êtres impurs et diaboliques, comme les sorciers, étaient incapables de franchir le seuil, d’approcher de l’eau bénite ou de fouler la terre du cimetière. D’ailleurs, le mot « parvis » insiste sur le caractère sacré de l’église, puisqu’il vient du latin paradisus : le paradis.

Il n’était donc pas difficile d’imaginer le diable, ange déchu, exclu du paradis, tenter de s’agripper en vain au parvis de l’église d’Hollange pour s’en prendre aux bons chrétiens qui y entraient. La légende a perduré jusqu’à nos jours, malgré le déplacement de la pierre, et ce n’était pas la seule histoire à l’entourer…

Certains villageois ont rattaché le polissoir aux Nutons. Ces lutins de nos forêts sont assez systématiquement identifiés aux lieux et objets anciens.

Une autre légende, déjà plus proche de l’utilisation originelle du polissoir, imaginait des moines venant aiguiser leurs couteaux sur la pierre d’Hollange.

Lors de la construction de l’église actuelle, le polissoir fut fort heureusement récupéré et mis à l’abri à l’intérieur du nouvel édifice, à la sacristie d’abord, dans le porche ensuite.

Pour le Cercle d’Histoire, Roger Kauffmann, Hans Welens et Nicolas Stilmant.

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